Le Parisien – «Professeur Truck» : en Normandie, ces enseignants font cours… en camping-car !

Dans les environs de Saint-Lô (Manche) et Vire (Calvados), deux professeurs de mathématiques et de sciences parcourent les villages en camping-car. Ils y proposent du soutien scolaire qui rencontre un remarquable succès.

« J’ai quitté l’Éducation nationale pour proposer aux élèves un enseignement plus en phase avec mes convictions… » 

Pierre Partiot, 26 ans, est un professeur de mathématiques installé en Normandie. Après l’obtention de son Capes et quatre ans d’enseignement dans des collèges et lycées de Marseille, il vient de prendre une « dispo » de l’Education nationale avec un projet précis en tête : proposer du soutien scolaire sur mesure… dans son camping-car !

« J’adore vraiment enseigner. Or l’attention individuelle qu’on exige de nous dans l’Education nationale est impossible à mettre en œuvre dans une classe de trente-cinq élèves. J’ai donc eu envie de faire mon métier autrement et j’ai découvert qu’une collègue allait vers les élèves en camping-car, en Normandie, près de Vire (Calvados) pour leur proposer du soutien scolaire. »

Une initiative qu’elle a joliment baptisée « Professeur Truck ».

«Un cadre qui fait sauter bien des blocages»

« Rapidement, j’ai compris que c’est ce qu’il me fallait. Le camping-car offre d’incroyables avantages. C’est l’école qui va aux élèves, notamment en milieu rural. Ce n’est plus à l’élève, ni aux parents de se déplacer. Et surtout, le camping-car change complètement l’approche, souligne Pierre Partiot, qui exerce dans les environs de Saint-Lô (Manche). Tout à coup, ce n’est plus ce cadre terriblement rigide où il faut travailler et où l’erreur semble interdite. Et rien que ça, ça fait sauter de nombreux blocages. »

Ainsi, se réjouit l’enseignant,

« on avance ensemble, dans une approche bienveillante ». « Et ça marche. Cette semaine encore, j’ai un élève de CM1 dont la maman me disait qu’il ne voulait pas travailler. Aujourd’hui, il arrive en courant, dès qu’il voit le camping-car ! »

Et le succès est en effet au rendez-vous. « Je travaille six jours sur sept. Pour l’instant, je ne peux même plus prendre de nouveaux élèves. Mais on envisage déjà de créer une franchise et de développer cette approche ailleurs », explique Audrey Kistler, à l’origine de cette initiative. Les cours concernent des élèves du CP à la terminale, mais aussi des élèves déscolarisés. Le tarif est en moyenne de 40 euros de l’heure, dont une moitié est déductible des impôts, cet enseignement étant considéré comme « service à la personne ».